Le Président de la Section des gens de mer de l’ITF, Dave Heindel, s’est fait l’écho de l’appel lancé par le groupement « Global Unions » lors du sommet du G8 pour que l’équité soit inscrite au cœur de l’économie, et a ajouté que ce même principe devrait être appliqué au monde maritime.
Il a déclaré : « La déclaration de Global Unions au sommet du G8 à Lough Erne contient plusieurs principes importants et suggestions louables, en particulier sur le plan de la fiscalité et de la transparence. »
« Hélas, l’industrie maritime est très concernée par l’évasion fiscale, les paradis fiscaux offshore et l’opacité méticuleusement orchestrée de certaines sociétés. Je pense tout particulièrement au système des dénommés pavillons de complaisance (FOC) grâce auquel l’exploitation des travailleurs maritimes perdure depuis des décennies. »
« Pour les personnes qui ne le connaîtraient pas, il s’agit d’un système dans lequel un navire bat un pavillon différent de celui du pays de son propriétaire. Très souvent, les navires sous pavillon de complaisance ont à leur bord un équipage cosmopolite dont les membres ont été fournis par des agences qui sont elles-mêmes situées dans d’autres pays. Ce système pernicieux est en place depuis des décennies, et permet souvent aux armateurs et aux opérateurs d’engranger des profits à court terme sur le dos des équipages, soumis à diverses formes d’exploitation : salaires de misère ou non payés, chantage les obligeant à payer pour décrocher un emploi, travail à bord de navires dangereux où leur vie est en danger. Et si quelqu’un doutait encore que l’évasion fiscale soit le cœur du problème, sachez que les navires FOC changent régulièrement de nom et de registre, parfois même en cours de voyage. »
« L’absence de transparence et de reconnaissance de responsabilité qui caractérise le système FOC est tout simplement révoltant. Les incidents à répétition montrent que quand les armateurs et opérateurs négligents doivent passer à la caisse et assumer leurs responsabilités, rien n’est simple. Si un navire bat le pavillon du Panama, que son équipage est fourni par une agence grecque et est composé de Russes, de Philippins et d’Indiens, qui est responsable en cas d’accident ? Qui peut faire appliquer les normes minimales de sécurité, de repos, d’hygiène, etc. ? »
« Pour ne citer qu’un exemple, l’agence britannique Britain’s Maritime Investigation Branch a récemment mené une enquête approfondie sur le naufrage du navire FOC Swanland. Celle-ci a révélé que le navire n’était pas entretenu correctement et était grandement endommagé par la corrosion. Six marins ont perdu la vie parce que des bureaucrates ont éludé leurs responsabilités pour s’en mettre plein les poches. »
Et de conclure : « Collectivement, nous pouvons et devons faire mieux. Les remarques et recommandations formulées par Global Unions constituent une excellente base de travail, et l’ITF a la volonté et la capacité d’apporter sa pierre à l’édifice. »
Pour consulter la déclaration de Global Unions au G8 : www.ituc-csi.org/IMG/pdf/13-tuacdoc-g8en-11juin.pdf.
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