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Australie : la flotte nationale stratégique renforcera l’importance du transport maritime

Actualités 16 May 2024

La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) se félicite de l’annonce du gouvernement australien concernant le financement d’une flotte nationale stratégique dans le troisième budget du gouvernement Albanese.

La question d’une flotte nationale stratégique, qui représentait un engagement électoral clé au moment des élections fédérales australiennes de 2022, souligne l’importance du transport maritime et du fret pour une économie insulaire majeure comme celle de l’Australie

Le pays investira ainsi 21,7 millions de dollars sur cinq ans à compter de 2024-2025 afin d’appuyer la création d’une flotte stratégique, qui sera établie dans le cadre d’un programme pilote initial impliquant trois navires réquisitionnables par le gouvernement en cas de besoin.

Les demandes de participation au projet pilote seront ouvertes plus tard dans le courant de l’année et les premiers navires devraient être opérationnels dans les meilleurs délais.  

« L’engagement pris par le Premier ministre, Anthony Albanese, démontre que le gouvernement australien comprend l’importance de la résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale, de la souveraineté nationale et de la capacité de défense, ainsi que l’importance économique et sociale du cabotage pour des pays comme l’Australie, qui dépendent du fret maritime mondial, » a déclaré le Secrétaire général de l’ITF, Stephen Cotton.  

« Dans le sillage de la pandémie de COVID-19, les gouvernements du monde entier s’attaquent à d’importants défis au niveau de la chaîne d’approvisionnement, à l’image de la congestion portuaire, des pénuries de main-d’œuvre et des besoins en infrastructures dans le but d’appuyer le commerce intérieur et international dans les principaux ports. La pandémie a mis en lumière ce qui peut arriver lorsque ce marché est faussé – c’est-à-dire le chaos. »

« Dans de nombreux pays, les flottes détenues et exploitées au niveau national sont en mesure de compléter la capacité de la chaîne d’approvisionnement et de transporter des marchandises sur des navires battant pavillon national. Cette capacité stratégique permet à l’industrie d’utiliser des navires pour transporter des marchandises vers des ports plus petits situés davantage à l’intérieur des terres ; elle permet également de compléter la capacité de transport des marchandises à l’intérieur des terres par chemin de fer et par route, jusqu’à leurs destinations finales. La pression exercée sur les principaux ports et infrastructures s’est considérablement amoindrie, et ce en grande partie grâce aux régimes de cabotage en place dans ces pays, » a expliqué Steve Cotton.

Les documents budgétaires australiens de 2024 attirent l’attention sur les perspectives mondiales complexes et incertaines de l’économie australienne et notent qu’une escalade des tensions géopolitiques pourrait perturber davantage l’accès de l’Australie aux routes commerciales internationales et aux services de transport maritime mondiaux.  

Le transport maritime est essentiel au bien-être social et économique de l’Australie ; il représente 99 % des marchandises nationales déplacées en volume et environ 79 % en valeur. Depuis décembre 2022 toutefois, la navigation côtière compte à peine 11 navires battant pavillon australien et dotés en équipages australiens, de plus de 2 000 tonnes de port en lourd (TPL) titulaires de licences générales en vertu de la Loi de 2012 sur les activités côtières (Revitalisation du transport maritime australien) [en anglais, Coastal Trading (Revitalising Australian Shipping) Act]. Ce tableau contraste fortement avec les 504 navires battant pavillon étranger ayant couvert 2 309 voyages à destination, en provenance ou autour de l’Australie en 2021.  

Avec la dépendance croissante de l’Australie aux énergies renouvelables, il deviendra de plus en plus important pour le pays de disposer d’une flotte stratégique de navires australiens à mesure que les besoins de transport liés aux exportations d’énergie et à l’approvisionnement énergétique national continueront d’évoluer. Il s’agira notamment du raffinage et du transport de minéraux critiques, de l’exportation d’hydrogène renouvelable, de métaux verts et de carburants liquides à faible teneur en carbone, ainsi que du soutien aux nouvelles industries manufacturières produisant des infrastructures d’énergie propre destinées à l’exportation vers le reste du monde.

La flotte nationale stratégique renforcera également la capacité de défense en temps de crise ou de conflit, le transport maritime, les capacités de transport essentielles et la sécurité des voies maritimes étant des domaines stratégiques essentiels sur le littoral australien.

« La mise en place d’une flotte stratégique représente avant tout une mesure de sécurité nationale qui appuie et complète d’autres initiatives prises par le gouvernement Albanese en vue d’améliorer la position stratégique de l’Australie, » a déclaré Chris Given, Secrétaire-trésorier du Syndicat international des marins canadiens (SIMC) et Président du groupe de travail sur le cabotage de l’ITF.  

« L’Australie doit se doter d’une certaine capacité de transport maritime national pour contrer la domination quasi totale des navires de propriété étrangère dans ses besoins de transport maritime et pour être en mesure de répondre aux besoins du transport maritime de défense et assurer la protection des voies maritimes. La flotte stratégique permettra de répondre aux défis géographiques posés par l’approvisionnement des communautés reculées et géographiquement dispersées et par l’éloignement géographique qui caractérise généralement les sources de matières premières nécessaires aux opérations de fabrication. Elle fournira en outre une capacité de base en navires nationaux afin de reconstituer les effectifs de gens de mer australiens » a ajouté Given.

L’annonce budgétaire suit les phases de planification et de rapports minutieusement établies par le le Groupe de travail sur la flotte stratégique. Ce groupe de travail a réuni des représentants de l’industrie, de la défense et des travailleurs, y compris Paddy Crumlin pour le MUA, afin de dispenser des conseils sur la composition, la structure et la capacité de la flotte de 12 navires battant pavillon australien et dotés en équipages australiens envisagée par le gouvernement, qui constituerait la base d’un secteur maritime australien revitalisé et en expansion.

Le budget consacre également une enveloppe de 4,7 millions de dollars à la révision des lois Coastal Trading (Revitalising Australian Shipping) Act 2012 et Shipping Registration Act 1981, dont le coup d’envoi sera donné dans le courant de l’année, et il prévoit un programme pilote de 2,7 millions de dollars mené par le Fair Work Ombudsman (organisme gouvernemental qui veille au respect du droit du travail australien) afin de contrôler le versement des salaires conformément au « Schedule A » (échelon A) du Seagoing Industry Award.

PRINCIPAUX BESOINS IDENTIFIÉS PAR LE GROUPE DE TRAVAIL SUR LA FLOTTE STRATÉGIQUE DU GOUVERNEMENT AUSTRALIEN :  

Les besoins stratégiques identifiés par le Groupe de travail comme étant essentiels à la sécurité économique et sociale de l’Australie étaient les suivants :  

  1. Le transport côtier de pétrole raffiné depuis les raffineries australiennes ou les terminaux d’importation vers les utilisateurs finals australiens, y compris vers les ports régionaux et éloignés du nord de l’Australie ;  
  2. La conduite d’activités de fret indépendantes (autochargement/déchargement) lorsqu’une catastrophe naturelle ou une autre perturbation affecte l’approvisionnement en marchandises clés dans les régions de l’Australie ou chez ses voisins du Pacifique ;  
  3. Un renforcement de capacité afin de faciliter la Défense ou la mobilisation nationale à travers l’expédition de véhicules, d’équipement et de provisions dans le nord de l’Australie ;  
  4. Le transport côtier de marchandises conteneurisées entre les ports australiens pour faire face à de petites perturbations à court terme ;  
  5. Le déplacement de cargaisons spéciales et surdimensionnées sur le territoire national et à l’étranger ; et  
  6. Le transport côtier de marchandises sèches et non liquides en vrac, qui constituent des intrants clés pour l’industrie manufacturière nationale.

Photo : REUTERS/David Gray

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