En décembre dernier, Ryanair avait enfin annoncé qu’elle reconnaîtrait les syndicats. Une première. Mais depuis, les avancées sont aléatoires et contradictoires, la compagnie signant des accords de reconnaissance avec les syndicats dans certains pays, mais ne laissant guère de choix aux travailleurs pour se faire entendre que l’action revendicative dans d’autres.
Ryanair a encore beaucoup de chemin à parcourir pour construire des relations sereines avec les syndicats, améliorer ses pratiques d’emploi et proposer des conditions de travail équitables à son personnel.
Le modèle des compagnies à bas coût a démocratisé le transport aérien et créé des milliers d’emplois directs et indirects. Dans certaines compagnies low cost, la direction et les syndicats font jeu commun pour garantir les meilleurs services aux passagers et les meilleures conditions de travail au personnel. Mais Ryanair en est encore loin.
L’ITF, l’ETF et leurs affiliés ont perdu confiance en la capacité de la direction actuelle à assurer la transition vers un modèle d’entreprise durable et syndiqué. Ils appellent dès lors les actionnaires à s’opposer à la réélection du président du conseil d’administration lors de la prochaine assemblée générale, et à désigner un président indépendant pour lui succéder.
M. Bonderman préside Ryanair depuis 1996, orchestrant depuis 20 ans une culture d’entreprise ostensiblement hostile aux syndicats. Si Ryanair veut réellement entendre ses personnels et les syndicats, l’heure est venue de renouveler l’équipe à sa tête. L’ITF et l’ETF ont appris d’échanges avec les actionnaires de Ryanair que certains s’inquiètent de la direction imprimée à la compagnie.
Stephen Cotton, Secrétaire général de l’ITF, a déclaré : « Ces derniers mois, Ryanair a montré combien elle faisait preuve d’immaturité dans les relations avec son personnel. À la fin de l’année dernière, l’ITF, l’ETF et leurs affiliés avaient salué la perspective d’une nouvelle ère de coopération avec la direction. Mais depuis, celle-ci joue la montre, et les pratiques antagonistes et sournoises continuent. »
« Nous pensons que ces problèmes participent en partie d’un modèle de gouvernance totalement dépassé. Avoir la même équipe de direction depuis plus de 20 ans et parachuter d’anciens dirigeants de Ryanair comme administrateurs non dirigeants ‘indépendants’ n’est certainement pas gage de remises en question et de critiques contradictoires au conseil. »
Eduardo Chagas, Secrétaire général de l’ETF, a déclaré : « Il est temps que Monsieur Bonderman s’en aille. Il est difficile de voir comment une compagnie comme Ryanair pourra aller de l’avant quand son président est figé au siècle dernier. »
« Le modèle commercial de Ryanair est construit sur le dumping social et l’exploitation des travailleuses et travailleurs. Le combat que mènent les syndicats en front commun pour s’y opposer est au cœur de la campagne ‘Une Europe équitable dans le secteur des transports’. Une autre compagnie Ryanair est possible, mais il est indispensable de changer l’équipe à sa tête pour la débarrasser de ses mauvaises habitudes. »
L’ITF et l’ETF ont décrit aux actionnaires de Ryanair pour leur demander de voter contre la réélection de David Bonderman à la présidence du conseil d’administration lors de l’assemblée générale de la compagnie le 20 septembre. Cette lettre est disponible ici.
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