Une semaine d’action internationale menée par l’ITF et les syndicats maritimes dans divers ports de la mer Noire s’est révélée productive et a interpellé l’opinion à propos des conditions de travail des gens de mer dans cette région qualifiée par l’ITF de « mer de la honte ».
Cette action, menée par des inspecteurs et syndicalistes de Bulgarie, de Géorgie, de Roumanie, de Russie, de Turquie et d’Ukraine, s’inscrit dans le sillage de la publication d’une mise à jour du rapport de l’ITF daté de 2012, Black Sea of Shame (« La mer Noire de la honte »). Ce nouveau rapport fait encore le constat de piètres conditions de vie et de travail, de bas salaires et des navires impropres à la navigation, deux ans après le lancement par l’ITF d’une campagne intensive de dénonciation des conditions de travail lamentables des gens de mer dans la région. La mer Noire demeure l’une des régions les plus dangereuses au monde pour les marins.
Le coordinateur maritime de l’ITF, Tomas Abrahamsson, a déclaré : « L’état de certains navires et les conditions de travail effroyables à bord de ceux-ci dépassent l’entendement. »
En plus de dénoncer ces mauvaises conditions de travail, la semaine d’action – qui a eu lieu malgré les actuels remous politiques dans la région – a été mise à profit par les militants pour informer les gens de mer de leurs droits, et tout particulièrement de la Convention du travail maritime 2006 (la « charte des droits des gens de mer ») entrée en vigueur en août dernier.
Le rapport indique que la Convention du travail maritime n’a pas encore eu d’impact réel dans la région, qui constitue toujours un « refuge pour les navires obsolètes sans assurances adéquates, exploités par des armateurs peu scrupuleux et respectueux de leurs équipages ». Cependant, durant la semaine, les autorités bulgares ont immobilisé un navire suite au non-paiement des salaires constaté par l’équipe de campagne du Syndicat bulgare des gens de mer.
Durant la semaine, des équipes d’inspecteurs et de militants syndicaux ont effectué plus de 100 contrôles dans 17 ports. Les actions de solidarité se sont même étendues à l’Ukraine, malgré la situation politique actuelle, et ont associé des syndicalistes de Théodosie en Crimée ainsi que d’autres ports de la mer Noire.
Les inspections ont révélé de nombreux cas de rémunérations très basses, ainsi que de mauvaises conditions de travail et de vie – à bord de navires non couverts par des conventions collectives. En plus de fournir des renseignements vitaux aux gens de mer à propos des droits qui sont les leurs au titre de la Convention du travail maritime, et de les informer des activités que mènent les syndicats pour les protéger, la campagne a bénéficié d’une importante couverture dans les médias et sur Internet, en particulier en Roumanie et en Ukraine.
Parmi les autres actions menées avec succès durant cette semaine, citons :
- Dans le port russe de Novorossiysk, l’inspectrice de l’ITF Olga Ananina a obtenu le versement d’arriérés salariaux d’un montant de 69 546 USD.
- À Constanta, en Roumanie, l’inspecteur de l’ITF Adrian Mihalcioiu a entamé une procédure judiciaire dans l’affaire du Nikolay Meshkov, navire battant pavillon du Belize abandonné avec à son bord 12 marins ukrainiens et 2 marins russes.
- Les inspecteurs de l’ITF ont donné de nombreux avertissements aux navires sans convention collective à bord desquels les salaires étaient trop bas – pour la plupart, des navires sous pavillon de complaisance.
En plus d’apporter un soutien individuel aux gens de mer et d’améliorer les conditions de travail des équipages en négociant des conventions collectives, la semaine d’action a rappelé qu’il était nécessaire que les gouvernements des États de la mer Noire prennent des mesures radicales pour ne plus mériter ce surnom de « mer de la honte ».
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