Le Conseil des syndicats mondiaux (CGU) – qui représente plus de 200 millions de travailleuses et travailleurs de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de fédérations syndicales internationales, dont la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE – condamne vigoureusement la répression des manifestations légitimes de la population indienne contre la récente loi sur la citoyenneté.
L’adoption de cette loi de réforme de la citoyenneté par le parlement indien le 11 décembre a suscité des manifestations dans tout le pays, auxquelles le gouvernement a riposté en s’en prenant aux libertés fondamentales.
Selon certains témoignages, le gouvernement a fait intervenir l’armée, coupé Internet et imposé des couvre-feux. À notre connaissance, au moins 6 personnes auraient trouvé la mort dans les affrontements.
En outre, nous avons appris que le 17 décembre, la Cour suprême a refusé d’être saisie de l’affaire des violences policières à l’égard des étudiants sur le campus de l’Université Jamia Millia Islamia, à Delhi.
Ces ripostes totalement disproportionnées et violentes sont incompatibles avec un système démocratique. Chaque citoyen(ne) a droit à la liberté syndicale, d’expression et d’association. Nous – le mouvement syndical mondial – ne pouvons tolérer ces violations des droits fondamentaux.
Nous comprenons en outre que la loi elle-même est contraire aux principes de laïcité inscrits dans la constitution indienne, qui stipule que la citoyenneté n’est pas liée à la religion. La constitution interdit la discrimination fondée sur la religion et garantit à chacun l’égalité devant la loi et la protection de celle-ci.
Cette loi promet l’amnistie aux immigrants illégaux non musulmans de trois pays voisins – Pakistan, Bengladesh et Afghanistan. Selon le gouvernement, celle-ci protège les réfugiés fuyant les persécutions religieuses, mais l’image renvoyée au monde extérieur est celle d’une discrimination anti-Musulmans.
Pour les travailleuses et travailleurs, ces violations s’ajoutent à une série d’offensives alarmantes sur les droits du travail et les syndicats en Inde. Le gouvernement Modi a récemment réduit le nombre de codes du travail de quarante-quatre à à peine quatre. Faisant preuve de mauvaise foi, le gouvernement a publié la proposition de code du travail sur le dialogue social sur son site Internet sans consultation officielle des syndicats. Avec ce nouveau code, les syndicats devraient représenter 75% des employés d’une entreprise pour être considérés comme représentatifs. Opposées à celui-ci, toutes les centrales syndicales indiennes ont décidé de convoquer une grève générale le 8 janvier 2020.
Le CGU s’oppose à la discrimination sous toutes ses formes et condamne l’oppression musclée du gouvernement indien vis-à-vis de la population, et la répression des travailleuses et travailleurs et de leurs syndicats. Nous soutenons les manifestants indiens – les jeunes, les travailleuses et travailleurs – qui se battent pour l’équité, la justice et les droits humains fondamentaux.
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