La compagnie maritime P&O Ferries a annoncé ce jeudi le licenciement des équipages composant sa flotte britannique, qu’elle compte remplacer par du personnel intérimaire et non syndiqué – une démarche condamnée par les syndicats maritimes en Europe et dans le monde, qui n’ont pas manqué d’exprimer leur colère.
Plus tôt dans la journée, les affiliés de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) avaient été informés d’une suspension de son trafic par P&O Ferries, dans l’attente « d’une annonce de l’entreprise ». Dans l’après-midi, l’entreprise avait annoncé aux médias que 800 personnes employées sur ses navires avaient été licenciées, avec effet immédiat.
Les syndicats RMT et Nautilus, qui ont demandé à leurs membres de rester à bord des navires, exigent l’intervention immédiate du gouvernement britannique en vue de mettre fin à cette scandaleuse externalisation de quelque 800 emplois, sans aucun préavis.
Stephen Cotton, Secrétaire général de l’ITF : « Les nouvelles sont choquantes aujourd’hui. Nous condamnons avec la plus grande fermeté la démarche engagée par P&O. Nous ne pouvons accepter que l’entreprise supprime ainsi, sans aucun préavis, les emplois de son loyal personnel maritime. Chacun de nous doit s’interroger : comment une entreprise peut-elle littéralement mettre à la porte l’ensemble de ses effectifs en moins de 24 heures ? »
« Nos syndicats attendent de plus amples informations de la part de P&O et de DP World – son principal actionnaire – mais l’ITF et l’ETF sont prêtes à mobiliser le soutien pour défendre les emplois de ces travailleurs et travailleuses. Il est vivement préoccupant d’entendre que des bus chargés de membres d’équipage non syndiqués et d’agents de sécurité munis de menottes sont arrivés à Douvres et à Hull, dans l’attente de déloger et de remplacer les gens de mer britanniques. »
« Nous sommes abasourdis et en colère face au comportement de P&O, une entreprise qui a empoché plusieurs milliers de livres auprès des contribuables britanniques durant la pandémie, et qui envisage à présent de déloger ses équipages par la force, » a déclaré Cotton.
RMT a publié ce jour une déclaration exhortant l’entreprise à protéger les emplois dans ce contexte de spéculation autour d’une externalisation de la main-d’œuvre. Le syndicat a déclaré avoir enjoint à ses membres de rester à bord de leurs navires pour ne pas risquer un lock-out des salariés.
Le syndicat Nautilus International a déclaré que cette annonce constituait « une trahison à l’égard des travailleurs britanniques » ; son Secrétaire général Mark Dickinson a quant à lui descendu en flammes le comportement de l’entreprise et pris l’engagement de lutter pour protéger ces emplois : « P&O n’a donné ni consultation, ni préavis. Soyez assurés que Nautilus International déploiera toutes les ressources nécessaires pour défendre ses membres. Nous avons enjoint à nos membres de rester à bord jusqu’à nouvel ordre. »
« Les syndicats du monde entier affichent aujourd’hui leur solidarité avec ces travailleuses et travailleurs. Alors que le monde commence tout juste à se remettre de la pandémie et qu’une guerre a éclaté à nos portes, il est absolument stupéfiant que P&O puisse licencier les effectifs composant sa main-d’œuvre britannique, » a déclaré Livia Spera, Secrétaire générale de l’ETF.
« Nous autres, syndicats représentant les gens de mer, déploierons tous les efforts possibles pour mettre fin à ces suppressions d’emplois consternantes. Nous ferons pression sur les actionnaires, les investisseurs et les clients de P&O pour qu’ils demandent à la compagnie de revenir sur son projet d’externalisation agressive et brutale de l’emploi. La démarche bafoue manifestement les droits de ces gens de mer – et il est étonnant que de tels agissements puissent avoir cours dans un grand pays développé tel que le Royaume-Uni. ».
« Plutôt que de dresser une embuscade à son personnel, nous exhortons P&O à rencontrer d’urgence les syndicats britanniques afin de trouver une solution raisonnable et mettre fin à cette violation manifeste des droits de ces travailleurs, » a déclaré Mme Spera.