Le monde entier gardera en mémoire les fabuleuses images des athlètes, des monuments historiques et de la grandeur des Jeux olympiques de Paris 2024. Mais cette grande fête du sport doit aussi sa réussite aux travailleuses et travailleurs des transports qui, dans les coulisses, ont œuvré à ce que tout se déroule au mieux.
Représentés par des syndicats comme la Fédération Nationale des Syndicats de Transports CGT (FNST CGT), la Fédération CGT des cheminots, la Confédération générale du travail (CGT), la Fédération générale des transports et de l’environnement (CFDT), la Fédération nationale des transports et de la logistique Force ouvrière (Feets-FO) et l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA Transport), ces travailleuses et travailleurs ont constitué l’épine dorsale de la mobilité et de la logistique de ces Jeux. Leur contribution était indispensable, et mérite d’être reconnue et saluée.
Leurs responsabilités étaient larges et variées, menées à bien au profit d’un transport sûr et ponctuel des athlètes, des officiels, des spectateurs et du matériel. Sans leur dévouement et leur professionnalisme, ces Jeux n’auraient pas été les mêmes. Depuis la gestion des voyageurs affluant des quatre coins du monde dans les aéroports, jusqu’au fonctionnement optimal des réseaux de transports en commun, les travailleuses et travailleurs des transports ont joué un rôle déterminant dans la réussite de ce grand rendez-vous sportif.
Mais l’importance des effectifs des transports va bien au-delà des Jeux olympiques. Ces travailleuses et travailleurs sont essentiels au bon fonctionnement de la société en général, puisqu’ils assurent la mobilité des personnes et des marchandises tout au long de l’année.
Avant les Jeux, les syndicats français avaient fait valoir diverses revendications, dont le besoin d’effectifs en suffisance, des conditions de travail convenables et le respect des normes de sécurité. Une semaine avant la cérémonie d’ouverture, les syndicats des personnels aéroportuaires avaient laissé planer des menaces de grève s’ils n’étaient pas entendus. Ces mises en garde, bien qu’en apparence préjudiciables à l’événement, témoignaient de l’aspiration des travailleuses et travailleurs à une juste reconnaissance. Les grèves sont un puissant outil pour alerter sur la nécessité de bien traiter les salariés des transports, sans qui un événement, aussi minutieusement planifié soit-il, peut très bien dérailler.
Comme l’indique un éditorial publié aujourd’hui dans Le Monde, le bon fonctionnement des transports est une réussite olympique à pérenniser. C’est dans la vie de tous les jours que les Franciliens, et les banlieusards du monde entier, doivent pouvoir compter sur des transports publics « dignes d’une médaille d’or », et pas seulement lors des grands événements mondiaux. L’énorme mise à contribution du réseau de transport pendant les Jeux olympiques ne fait que souligner l’impératif d’investissements considérables dans les infrastructures parisiennes, qui se caractérisent souvent par des trains bondés.
Paris est la 5e ville la plus dense du monde (20 000 hab./km2) ; elle est aussi contrainte par ses monuments historiques et ses lignes de métro de plus d’un siècle. La construction de nouvelles infrastructures reste donc un immense défi. Les travaux commencés avant les Jeux seront achevés en 2025 et devraient améliorer considérablement le quotidien des Parisiens.
Les syndicats français ont eu bien raison de profiter des projecteurs braqués sur Paris pour appeler à de meilleures conditions de travail, à une revalorisation salariale et à la reconnaissance du rôle joué par leurs membres. Ce faisant, ils ont cherché à obtenir des améliorations qui perdureront bien longtemps après l’extinction de la flamme olympique.
Fait unique dans l’histoire des Jeux olympiques, Paris, sous la pression syndicale - et après les scandales de la Coupe du monde 2022 au Qatar - a élaboré la charte sociale des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Ainsi, pendant toute la durée des chantiers, qui ont permis d’employer 30 000 personnes, l’ex-dirigeant de la CGT Bernard Thibault, co-président du Comité de la Charte Sociale, est parvenu à mettre en place des garde-fous (visites régulières de l’inspection du travail, mise à disposition d’un local pour les syndicalistes, comité de suivi, etc.). Résultat : le taux d’accidents sur les chantiers des JOP fut quatre fois moins important que le taux moyen dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) ; même si chaque accident est un accident de trop. Il reste désormais à convaincre l’ensemble du secteur d’adopter les pratiques expérimentées durant les travaux des JO, de façon permanente.
Des réseaux de transport dotés de moyens et de personnels suffisants ne sont pas indispensables que lors des grands événements : ils le sont tous les jours, dans tous les territoires. L’heure est venue pour les gouvernements et les autres parties prenantes de reconnaître que la qualité des services de transport est directement proportionnelle aux investissements consentis dans ceux-ci, et en particulier dans leurs effectifs.
À l’avenir, il est impératif que les investissements publics ne servent pas uniquement à maintenir les services de transport, mais bien à les développer de manière significative. Ces investissements doivent donner la priorité à l’embauche, à la formation et à la juste rémunération des travailleuses et travailleurs des transports, qui sont la force vive de nos mobilités.
La Politique populaire des transports publics de l’ITF préconise que les transports en commun soient détenus et exploités par les pouvoirs publics, et que la responsabilité démocratique de leur planification, de leur développement et de leur avenir soit garantie. Il faut continuer à améliorer la charte sociale des JO pour les prochains Jeux, et mettre en avant les droits des travailleuses et travailleurs.
Le président du CIO, Thomas Bach, a rappelé lors de la cérémonie de clôture que l’olympisme, c’est aussi des valeurs de paix, de partage et de solidarité : « Vous avez créé une culture de la paix. Ces comportements sont une source d’inspiration pour nous tous et pour des milliards de personnes dans le monde ».
La réussite des Jeux olympiques de Paris 2024 devrait servir de catalyseur à ce changement, en nous rappelant que les transports, et en particulier les transports publics, devraient toujours être « dignes d’une médaille d’or ». Les déplacements quotidiens de millions de personnes en dépendent. Veillons à ce que les équipements, les niveaux d’effectifs et les moyens soient à la hauteur des exigences d’aujourd’hui et des défis de demain. C’est maintenant qu’il faut agir.
Pour en savoir plus, voir la Politique populaire des transports publics de l’ITF et le Manifeste sur les investissements, le financement et les tarifs de transports publics durables.
Image credit: Andrea Savorani Neri via Reuters Connect