La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) condamne l’escalade des violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’on compte déjà des centaines de milliers de personnes déplacées. Malgré un fragile cessez-le-feu humanitaire le mardi 4 février, les civils sont toujours les premières victimes des affrontements.
Depuis le début de la crise en 2022, au moins 700 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Les violences de ces dernières semaines ont provoqué un nouvel afflux dans des camps déjà surpeuplés et insalubres, où les familles et travailleurs doivent survivre dans des conditions plus que précaires.
Les effectifs des transports sont particulièrement exposés à la violence, puisque leur travail les oblige souvent à franchir des lignes de front et points de contrôle dangereux.
Les réserves alimentaires sont au plus bas, les coupures d’électricité et d’eau aggravent encore les choses et les axes de transport sont coupés. Des milliers de personnes se retrouvent coupées du monde.
Les travailleuses et travailleurs et leurs proches continuent de subir de plein fouet les pertes d’emploi généralisées et la destruction des lieux de travail. Autre situation alarmante : le recrutement d’enfants par des milices armées est en hausse, de même que les violences sexuelles, qui atteignent des niveaux sans précédent.
« La situation en RDC est catastrophique : les souffrances dépassent l’entendement, et il convient de protéger d’urgence les civils et les travailleurs », déclare Stephen Cotton, Secrétaire général de l’ITF.
« Ce conflit est causé par la cupidité des multinationales et l’exploitation des riches et vastes ressources minières de la RDC », ajoute Paddy Crumlin, Président de l’ITF.
« Les Congolais, qui exécutent des tâches dangereuses et qui se cassent le dos au travail, font les frais de cette course au profit éhontée. Toute entreprise exploitant des minerais extraits en RDC se montre complice et doit être tenue responsable. Ce n’est pas une chaîne d’approvisionnement, c’est un film d’horreur. »
« La situation sécuritaire et humanitaire est préoccupante. Nous entendons beaucoup de coups de feu, surtout la nuit. On constate une insécurité croissante : de nombreux vols et pillages de maisons, et des cas de femmes violées depuis l’évasion de plus de 400 prisonniers », explique DC, travailleuse des transports et responsable d’un syndicat de la province du Nord-Kivu.
« Le transport aérien est à l’arrêt à cause des problèmes de réseau Internet et téléphonique. L’espace aérien est fermé et la plupart des installations et équipements ont été saccagés. La navigation sur le lac Kivu est quasiment à l’arrêt, hormis quelques déplacements risqués. Seul le transport routier informel est possible, principalement en journée », indique RN, secrétaire d’un syndicat de la province du Sud-Kivu.
L’ITF demande la cessation sur-le-champ des activités des milices, un retour rapide de la paix, la libre circulation des biens et des personnes, le retrait immédiat de toutes les forces armées étrangères et le respect de la souveraineté de la RDC. Une aide humanitaire doit être apportée aux personnes déplacées et vulnérables et la protection des civils doit être assurée.
Les auteurs d’atteintes aux droits humains doivent rendre des comptes et une réglementation plus stricte des chaînes d’approvisionnement au niveau mondial s’impose pour que cesse l’exploitation flagrante des vastes ressources minières de la RDC.
« Il convient de protéger les syndicats et les travailleuses et travailleurs, et de les inclure dans les négociations de paix et les efforts de redressement au sortir du conflit », ajoute Stephen Cotton.